Malgré ces explications précises sur la couleur, il apparaît comme essentiel de toujours s’efforcer de la ressentir plutôt que de se perdre à vouloir l’expliquer. Les théoriciens de la couleur sont les premiers à affirmer, comme le résume Albers en introduction de son ouvrage sur L’interaction des couleurs, qu’aucun système des couleurs ne peut en lui-même développer la sensibilité à la couleur. Les lois sont une base établie pour soutenir ses connaissances mais ne doivent pas dicter le travail de l’artiste. Celui-ci doit au contraire laisser son intuition le guider dans le monde de la couleur. Certes, elle possède son propre langage, mais il est à découvrir par chacun. Son véritable contenu émotionnel ne peut se dévoiler qu’à celui qui s’intéresse pleinement à elle ; en lui ouvrant son cœur, l’individu sera en mesure de ressentir les différentes sensations qu’elle peut produire. On peut ainsi noter les tentatives de nombreux artistes à l’époque du Bauhaus qui ont essayé, à l’aide de la couleur, d’exprimer leur voix intérieure. Wassily Kandinsky ou encore Paul Klee ont cherché à entrer en contact avec l’âme humaine, la couleur devant produire des vibrations intérieures.
Bien qu’extrêmes, ces tentatives s’appuient en partie sur des qualités connues mais malheureusement peu explicables, que possède la couleur. Elles peuvent être groupées en deux grandes catégories:
Les effets physiques
Rapprochement et proximité pour les couleurs claires, éloignement et distance pour les couleurs foncées, chaleur ou froideur, etc. On peut à ce titre citer Itten qui montre qu’un carré banc sur fond noir parait plus grand qu’un carré noir des mêmes dimensions sur fond blanc. Le blanc rayonne et efface les limites, alors que le gris rapetisse.
Les effets psychiques
Calme pour le vert ou énergie pour le rouge, spiritualité pour le bleu, folie pour le jaune, orgueil pour l’orange, inconscient pour le violet, etc. Ces effets sont extrêmement subjectifs. En dresser ici la liste précise n’apporterait pas grand chose à notre propos.