Intéressons-nous maintenant à une autre qualité essentielle recherchée par les professionnels de ce domaine. Quand des typographes et des dessinateurs de caractères parlent de leur métier, ils en arrivent très rapidement à évoquer la notion de rythme, autant celui de la page que des caractères qui la composent, et font ainsi le rapprochement entre leur discipline et la musique. En essayant de filer davantage la métaphore, on peut assez facilement établir des ressemblances entre ces deux arts. Ainsi, Raymond Gid évoque-t-il le résultat de l’œuvre du typographe comme une symphonie qui s’inscrit sur le grand silence de la page blanche, accordant ainsi au texte sa sonorité visuelle. Les lettres sont alors perçues comme autant de notes de musique.
Cassandre quant à lui rapporte des similitudes avec le monde de la danse et compare ainsi la lettre à un mouvement isolé qui, associée à d’autre, établit une véritable chorégraphie. Raymond Gid, toujours lui, atteint un autre domaine de la création artistique en déclarant que la structure d’une page complexe s’apparente d’évidence à la peinture abstraite. Mais n’auraient-ils pas oublier un instrument important pour parfaire leur concerto ? La couleur n’a-t-elle pas sa place dans cette orchestration ? Jan Tschichold déclare dans un essai intitulé De la typographie au typographisme que la couleur constitue un élément d’action aussi bien que le caractère.