Les trois catégories que nous proposons de mettre en place sont le reflet de différentes approches quant à la création d’alphabets en couleurs. Elles sont tout autant liées à la mentalité des concepteurs, qu’à l’évolution des techniques. Ces rubriques ne sont pas parfaites et certaines œuvres qu’elles contiennent pourraient vraisemblablement être rangées dans un autre groupe ou pourraient même en mériter un nouveau. Ces imprécisions ne sont en réalité pas bien importantes. En effet, l’essentiel est que, par le biais de cette classification, nous soyons en mesure de mieux comprendre les intentions de ces dessinateurs de caractères d’un nouveau genre.
a. SimulationLa première recueille des alphabets qui, bien que n’étant pas à proprement parler en plusieurs couleurs, ont pourtant une parenté proche avec le sujet de ce mémoire. Il se trouve que les concepteurs, limités par les contraintes techniques de création et d’impression, détournent l’impossibilité de créer des lettres polychromatiques en jouant avec différentes valeurs d’une même couleur. Celles-ci sont obtenues à l’aide de tramages, de points, de traits, etc. Le résultat est une fonte monochrome qui rivalise d’astuce graphique pour se colorer.
Même si les caractères qu’elle présente sont peu sensationnels, cette catégorie constitue une entrée en matière essentielle. Elle fait œuvre de transition entre le monde noir de la typographie héritée du plomb et le monde coloré ouvert par les ordinateurs et l’impression offset. Elle est un témoignage de la volonté d’évolution qui anime les designers de tous temps.
b. DécorationLa deuxième catégorie est très certainement la plus fournie et pouvant se vanter de nombreux exemples anciens. Le point commun des alphabets de cette section est l’utilisation d’une lettre relativement commune qui sert de base et qui est par la suite enrichie d’une ou plusieurs couches décoratives, comme par exemple des ombres, des ornements, ou encore d’effets pour simuler le relief. Ces ajouts ne sont pas essentiels pour comprendre les lettres et peuvent être enlevés ou ajoutés sans perturber la lecture du caractère principal.
c. StructureEnfin, dans la dernière partie, nous verrons des alphabets décomposés en plusieurs parties (ou modules), en fonction de leur anatomie. Ces parties peuvent se superposer, donner aux lettres une impression plus ou moins grande de relief, d’espace, de profondeur. Toutes les parties, parce qu’elles segmentent la lettre, sont utiles pour comprendre l’alphabet. Il s’agit vraisemblablement de la catégorie la plus intéressante car elle emploie la couleur non pas comme un simple artifice qui vient ornementer la fonte, mais réellement comme un élément essentiel dans sa constitution.