La couleur s’est invitée dans le monde sacré de l’écriture il y a de cela des siècles. Cependant, comme expliqué au début de ce mémoire, nous nous focaliserons uniquement sur les créations modernes et contemporaines, c’est à dire typographiques. De nombreux manuscrits du moyen-âge, et même une fois l’invention de l’imprimerie, se sont ornés de magnifiques lettrines. Ces réalisations ne sont pas dénuées d’intérêt mais semblent bien éloignées des considérations actuelles. Il ne sera pas non plus question d’alphabets illustrés, mettant en scène des personnages, des animaux, jouant avec les branchages des arbres ou d’autres éléments figuratifs. Ces créations, souvent emplies d’humour et d’ingéniosité, utilisent la lettre à des fins plastiques et cherchent à trouver en elle une certaine représentation du monde. Ces deux univers pourraient se voir chacun consacrer un mémoire mais ils ne sont pas le sujet de celui-ci.
Et pourtant, bien que soient exclus ces deux types de caractères, il reste un éventail très large d’inventions typographiques en couleur. Les pages qui suivent tentent de les répertorier, en les classant par similarité et en dressant une liste de paramètres les constituant. Ainsi établi, cet inventaire permettra de mieux situer les possibilités des alphabets polychromatiques et servira de base à une réflexion sur leurs particularités, leurs intérêts et leurs applications. Ce chapitre laisse majoritairement la place aux images. À travers leurs rapprochements et leurs comparaisons, il est déjà possible de déceler des réponses aux questions posées jusqu’ici.